Tous les acteurs de l’université font le constat d’une dégradation réelle des conditions de travail. Les injonctions administratives très éloignées de la réalité du terrain ont pris le pas sur l’organisation quotidienne. Cette dynamique entraîne une perte de sens pour toutes et tous. Le fonctionnement général donne le sentiment de voir une machine roulant à toute vitesse, sans savoir ni pourquoi ni vers où. Il est temps de redonner du temps à chaque acteur pour qu’il reprenne une place normale et raisonnable. Il est temps de combattre l’individualisme, la concurrence et leurs cortèges d’inefficacité, de violence et de souffrance au travail pour que les personnels de l’université de Lorraine retrouvent enfin des conditions de travail acceptables. Il est temps de redonner des conditions d'études satisfaisantes aux étudiant·es. Venir travailler comme étudier à l’université doit se faire avec la garantie du respect des personnes, et de leur travail.
Nous souhaitons améliorer les conditions de travail en commençant par avoir confiance dans le travail des différents acteurs. Nous avons collectivement à cœur de bien faire notre travail et il n’est pas besoin de le contrôler systématiquement. Le travail doit être un lieu permettant à toutes et tous de prendre sa place quelles que soient ses contraintes personnelles. Il doit permettre à chacun d’avoir une vraie perspective d’accompagnement dans l’évolution de sa carrière. Il s'agira de remettre au centre des conditions de travail la réappropriation de celui-ci par les agent·es, de le replacer dans le collectif, de cesser les changements permanents, d'arrêter la bureaucratisation : il n’est plus possible de continuer à faire agir dans une urgence permanente, source de stress. Nous stabiliserons les outils numériques utilisés afin de cesser les changements réguliers sources de désorganisation continue. Plutôt que de courir pour obtenir des labels d’excellence en ressources humaines, nous respecterons le travail de toutes et tous. Il conviendra d’arrêter l’excès de pouvoirs des petits chefs, des chefs et des grands chefs, certains pouvant se penser investis d’une mission qui leur conférerait une forme de pouvoir en particulier sur les personnels BIATSS.
Il faut s'emparer de la question du harcèlement moral, sexiste et sexuel systémique : nous travaillerons à la mise en place rapide de solutions pour que toutes les formes de harcèlement disparaissent. Le silence et l’inaction ne sont pas acceptables devant des situations dramatiques. Chacun et chacune a le droit de venir travailler et étudier en toute quiétude. Si la prise de conscience sur l'ampleur du harcèlement à l'université semble enfin apparaître, force est de constater qu'il y a très peu de saisines des dispositifs. Pourquoi, comment saisir l'administration, la direction d'un établissement, quand c'est précisément cette administration, avec sa direction, qui organise le système, qui fait perdurer les pratiques, qui enquête, juge et (peut-être) punit, dans l'entre-soi, entre pairs ? Nous aurons une nouvelle réflexion sur la question du harcèlement à l'université, avec tous les acteurs internes et externes concernés, nous relancerons des espaces de discussion, avec le CHSCT et les représentant.es du personnel et des étudiant.es, les collectifs ou associations. Nous ouvrirons (enfin) le débat autour des sections disciplinaires, des enquêtes administratives, de l'accompagnement des victimes et des témoins, de l'externalisation des dispositifs (cellule d'écoute, de traitement).
Un autre point important est l'organisation du temps et des modalités du (télé-)travail. Agatte (logiciel d'enregistrement du temps de travail) doit être un outil au service des personnels BIATSS. Au fil du mandat précédent, des dérives d'utilisation ont vu le jour : cet outil est devenu parfois un moyen de contraindre, de surveiller et d’administrer les personnels. Nous lancerons une nouvelle réflexion autour de la comptabilisation du temps de travail (mal nécessaire ?), en nous interrogeant sur les comportements individuels et/ou managériaux. Cette analyse nous permettra d'aborder aussi les questions de l'explosion du temps de travail, le burn-out, le droit à la déconnexion, tout en respectant la diversité des situations. Nous ferons, avec le CHSCT, un bilan annuel du télétravail (atouts, bienfaits, TMS, épuisement, stress, désorganisation, surcharge…) afin de revoir, le cas échéant, le cadre réglementaire du télétravail dans notre établissement.
La loi de transformation de la Fonction publique a augmenté les possibilités de recours aux contractuels et la direction de notre établissement s’en est saisie de suite. Par ailleurs, elle a mis en place une politique de gel puis de report de postes, et ceci pour pallier le manque de moyens accordés à notre université. Ce sont autant de jeunes docteur·es qui n’ont pas été recruté·es qui auraient pu ouvrir de nouvelles pistes de recherche, de personnels Biatss jetables sans perspectives, d'enseignant·es ou de chercheur·ses contractuel·les, de vacataires qui souvent comblent des manques de personnels au sein de l'université de Lorraine. Tous ces postes participent à la précarisation de notre université, il est temps d'en finir. Nous devons revenir sur cette politique, ce qui implique de recruter massivement des personnels titularisés (enseignant·es, enseignant·es-chercheur·ses, administratifs et techniques), et de réduire au minimum le recours aux vacataires et aux contractuels, en pérénisant l'emploi des agent·es déjà en poste et en nous attachant à l'égalité professionnelle femmes/hommes dans tous les métiers de l'université. Nous modifierons les règlements de gestion des enseignant·es et des chercheur·ses contractuel·les pour améliorer leur situation et nous les accompagnerons vers la titularisation. Nous redéfinirons le recours aux entreprises de sous-traitance, qui est une solution coûteuse, inefficace et difficile pour les travailleur·ses. Il est urgent d’intégrer ces personnels au sein de notre établissement par une vaste campagne de titularisation.
Le dialogue social, c'est de la négociation, de la consultation et des échanges, en amont, sur les règles ou consignes que l’administration envisage d’adopter en matière de santé et de sécurité. Les CT et CHSCT sont les instances de ce dialogue social. Dans le cadre des mandats précédents, ils ont été réunis dans le respect des textes mais il a été fait peu cas de leurs propositions et de leurs avis. Nous respecterons et suivrons les préconisations du CHSCT et tiendrons compte des avis du CT, et des instances qui leur succéderont. Nous utiliserons les compétences présentes dans l’établissement sur les dossiers relevant des conditions de travail.
Le service commun de l’action sociale et de la vie des personnels a été supprimé dans le cadre des mandatures précédentes. Pourtant il avait toute sa place dans la vie de l’établissement. Nous voulons la lui redonner en créant un véritable service pour les personnels : social, loisirs, etc. avec un budget dédié et gravé dans le budget de l’établissement. Parmi les améliorations nous souhaitons, par exemple, que notre établissement se dote, à nouveau de places de crèches. Ce dispositif serait un atout dans l’attrait que peut présenter notre établissement pour le recrutement de jeunes collègues mais il entre également parfaitement dans le cadre de l’égalité femmes/hommes. Nous porterons également une politique culturelle ambitieuse pour toutes et tous.
De Parcoursup à la plateforme TrouverMonMaster (TMM), tout concourt à généraliser la sélection à l’université. Pourtant, nous devons soutenir la démocratisation de l’enseignement supérieur afin de permettre à tous et toutes, en particulier aux enfants issus des milieux les plus modestes, d’accéder aux diplômes et aux qualifications du supérieur dans des conditions d'études décentes. Il est nécessaire de permettre à chaque jeune de s'épanouir dans la formation qu'il ou elle souhaite. Nous voulons une université qui favorise largement l’accès à tous les cursus universitaires, en licence comme en master, parce que la société en a besoin. L’insertion professionnelle ou la « capacité du marché du travail » à accueillir des diplômé·es ne doit pas contraindre l'orientation des étudiant·es et la définition de l'offre de formation. L’université doit conserver sa dimension universelle et émancipatrice. Nous organiserons le déploiement des budgets et des postes nécessaires à une augmentation des capacités d'accueil et à l'amélioration des conditions d'études à l'université de Lorraine. Nous refuserons l'assujettissement aux variables budgétaires et aux injonctions des classements d'excellence.
Les conditions de travail concernent tout autant le temps que l'espace dans lequel nous partageons au quotidien l’enseignement, l’administratif et la recherche. Le manque d'espace pour offrir de meilleures conditions de travail est une évidence à l'université de Lorraine. L'espace n'a jamais été conçu, élaboré, bâti collectivement mais plutôt imposé par des budgets configurés a minima par l'État et les collectivités, et par une gestion managériale. Certains bureaux sont abandonnés l'été parce que leur mauvaise isolation ne permet plus d'y travailler, des bâtiments sont sinistrés par le manque d'isolation sonore, les doctorant·es manquent de lieux de travail. Certains bâtiments sont très dégradés, à la limite de l'insalubrité. Il sera nécessaire d'interroger l'ensemble des acteurs de l'université pour dessiner ensemble le projet d'une architecture au service de la recherche et de l'enseignement.